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Juillet  2014

THICH NHAT HANH : LE VIEUX SAGE ET L'ENFANT

 

 Marie-Laurence CATTOIRE

( En introduction, on peut voir : http://www.thich-nhat-hanh.fr ;  http://fr.wikipedia.org/wiki/Thich_Nhat_Hanh

Figure majeure du bouddhisme engagé, Thich Nhat Hanh transmet des pratiques simples, comme autant de réponses pacifiques à la violence. À l’aube de ses 88 ans,ce maître vietnamien propose un chemin de guérison qui passe par l'écoute de notre enfant intérieur.

 

 

La vie de  Thich Nhat Hanh est une succession d'actes héroïques. S'il est aujourd'hui un symbole de sagesse,  Thich Nhat Hanh n'en a pas moins été profondément révolutionnaire, dénonçant très tôt la sclérose religieuse dans son pays. Ordonné moine à l'âge de 16 ans, il fédère aussitôt de nombreux jeunes Vietnamiens animés par la vision d'un bouddhisme moderne, prêts à s'engager dans le monde.  Thich Nhat Hanh fonde ainsi, à 24 ans, l'Institut des hautes études du bouddhisme An Quang, qui deviendra le berceau de la lutte non-violente contre la guerre du Vietnam entre 1963 et 1975. En 1965, il crée l'École de la jeunesse au service social qui réunit près de 10 000 travailleurs sociaux, véritables artisans de la paix au cœur de la guerre. « Sans communauté, on ne peut pas œuvrer » est une conviction qu'il partage avec Martin Luther King, dès leur première rencontre à Chicago (1966). Pour  Thich Nhat Hanh, un politicien, un enseignant, un thérapeute, un homme ou une femme d'affaires devraient avoir le souci de constituer une sangha, une communauté, pour pouvoir réaliser « leurs rêves ».

Sa formation occidentale (il étudie à Princeton, États-Unis) renforce en lui l'esprit d'ouverture et ce goût pour un bouddhisme accessible au plus grand nombre. En 1966, après avoir résisté pendant des années aux menaces et aux persécutions,  Thich Nhat Hanh est contraint à l'exil ; loin de l'anéantir, ce déracinement va faire de lui un monument de compassion.

Il trouve refuge en France en 1969, où il crée, en 1982, le monastère du Village des Pruniers, dans le Bordelais, aujourd'hui l'un des plus importants du pays. La « communauté bien-aimée », pour reprendre l'expression de son ami Martin Luther King, permet depuis de présenter une « méditation en action », en accueillant chaque année des milliers de laïcs.

 

UN SEUL SOURIRE PEUT CHANGER LE MONDE

L'autorité naturelle de  Thich Nhat Hanh, qui s'impose sur un visage sévère, contraste étonnamment avec le sourire lumineux qu'il arbore dès qu'il se met à parler. « Un seul sourire peut transformer le monde », Thich Nhat Hanh le sait. Et le rencontrer, c'est découvrir un homme infiniment solide qui, pourtant, a su garder intactes la vulnérabilité et la tendresse de l'enfant qu'il porte en lui.

Thây (« maître » en vietnamien) nous reçoit autour d'un thé ; son invitation impose de goûter le plaisir d'être assis là, ensemble, en pleine présence, avant même d'entamer tout dialogue. « Avec la pleine conscience, nous éprouvons de la joie à produire des paroles justes. » C'est ainsi que démarre notre conversation dans sa « cabane », une modeste maison de bois perchée au-dessus de la vallée. Loin de tout dogmatisme, dans un langage simple et direct, Thây aborde avec la même aisance la psychologie occidentale,
la philosophie de Descartes
qu'il détourne avec humour : « je pense donc je ne suis pas vraiment là ! » − et la science. Mais toute sa personne et son intelligence ne disent qu'une chose : la nécessité d'inventer de nouvelles pratiques pour répondre aux nouvelles souffrances de notre société. « Je n'offre que les choses qui peuvent aider les gens car
 le temps est précieux... Le temps est beaucoup plus que de l'argent, le temps c'est la vie ! »
Transmettre de nouvelles formes méditatives, adaptées à notre époque, tel est l'engagement de  Thich Nhat Hanh.

 

LA MÉDITATION, REMPART AUX VIOLENCES FAMILIALES

Pour exemple la Mindfulness Bell, la cloche de pleine conscience. Au Village des Pruniers, quand la cloche sonne, chacun est invité à suspendre toute activité pendant quelques secondes, le temps de revenir à son corps, à son souffle. « Nous respirons, nous sommes vraiment là, alors tout devient plus vrai. »  Thich Nhat Hanh propose aux laïcs de préserver cette habitude de retour chez eux, en s'appuyant sur la sonnerie du téléphone par exemple. Pour étonnante qu'elle soit, cette pratique ne propose-t-elle pas une protection contre la course folle qui ronge notre monde ?

Autre lieu de souffrance ordinaire, la famille ; convaincu que la méditation peut y être un rempart à la violence,  Thich Nhat Hanh fut le premier à organiser des séminaires pour les enfants. Chaque été, le Village des Pruniers s 'anime ainsi des jeux et des rires des plus jeunes. « Nous avons organisé des retraites pour des centaines d'enfants et leurs parents sont venus pour les soutenir ! Avec les enfants, la pratique devient plus joyeuse. Ils aiment marcher, s'asseoir dans la pleine conscience, se réjouir du silence. Nous leur apprenons à se servir de la cloche ou à pratiquer la méditation du thé que nous avons adaptée en méditation de la limonade ! »

 

REVENIR À SOI-MÊME

Dans son dernier ouvrage*,  Thich Nhat Hanh nous enjoint à dialoguer avec notre enfant intérieur. « En chacun de nous se trouve un enfant qui souffre et que nous négligeons. Pourtant, ce n'est pas parce que nous l'ignorons que cet enfant disparaît ! » Thây rappelle que cet enfant a besoin de toute notre attention. Par ce moyen habile, nous pouvons aborder notre fragilité avec moins de brutalité. Pour ce maître spirituel, si nous voulons redonner place à la bienveillance, si nous voulons nous réconcilier avec notre famille ou établir une relation saine avec nos amis, nous devons avant tout prendre soin de cet enfant intérieur qui est toujours vivant et, dans bien des cas, meurtri. Or nous sommes souvent trop occupés pour le faire ; il importe alors de trouver le temps de revenir à soi-même, pour lui parler et l'aider à sortir de la souffrance dans laquelle il se terre. Méditer quelques minutes chaque jour pour l'écouter, l'étreindre, pleurer avec lui si nécessaire, est une véritable voie de guérison.

« L'enfant en moi est toujours vivant et j'aime être entouré d'enfants. » Durant un instant,  Thich Nhat Hanh lève le regard vers un portrait de lui, enfant, accroché au mur de sa cabane. Loin de toute théorie, dans une confondante évidence, Thây montre que le chemin n'est pas ailleurs qu'ici, en chacun de nous. ǁ

 

(*) Prendre soin de l’enfant intérieur, Belfond, coll. L’Esprit d’ouverture, 2014

 

 

 @ SUR LE NET

 

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       CITATION DE THICH NHAT HANH

 

« Le petit frère inquiet »

« Tous nos désirs sont issus de notre besoin initial d'être en sécurité.

Aujourd'hui encore, le petit enfant en nous reste inquiet, apeuré. Et pourtant, l'instant présent ne comporte aucun problème, aucune menace. Donc, si nous n'avons pas de problème dans le moment présent, cela veut dire que nous n'avons pas de problème du tout. Pourquoi alors continuer à cultiver nos peurs ? Communiquons cette sagesse à l'enfant qui demeure en nous, et disons-lui bien qu'il n'a plus aucune raison de s'inquiéter. Nous pouvons aller marcher seul et le rassurer : mon petit frère chéri, je sais que tu souffres. Aujourd'hui toi et moi avons grandi, alors n'aie plus peur, nous avons les moyens de nous protéger. Viens avec moi et vivons ce que nous offre le présent. Viens, prends ma main, marchons ensemble et savourons chacun de nos pas. »

 

 


EN QUELQUES DATES

 

1926 ‖ Naissance à Thua Thien, Vietnam.

 

1942 Est ordonné moine.

 

1966 Contraint à l'exil, il voyage

aux États-Unis, en Europe, Asie,

Australie.

 

1967 ‖ Martin Luther King le

propose au Prix Nobel de la Paix.

 

1982 ‖ Fonde le Village des Pruniers

qui reçoit chaque année plus

de 4 000 retraitants.

 

2005 ‖ Retourne pour la première

fois au Vietnam où des milliers

de jeunes demandent aussitôt à

être ordonné par lui.

 

2014 ‖ Reçoit un doctorat d'honneur

de l'École de médecine

de Harvard et un doctorat

d'honneur de l'Université

bouddhique de Hong Kong.